mercredi 1 février 2012

La drogue numérique


À l'ère des technologies numériques, le mot «numérique» est utilisé à toutes les sauces, et sur internet, certains ont même mis des drogues dites numériques en vente. Phénomène relativement peu connu à l'heure actuelle, cette catégorie inusitée de psychotrope a fait son apparition sur la toile il y a une dizaine d'années. Le produit consiste en une trame sonore payante que l'on écoute via un logiciel disponible sur le web. TVA Nouvelles a rencontré deux jeunes hommes qui ont tenté l'expérience de la drogue électronique. «C'est un ami qui nous a parlé de ça au cégep et il nous l'a fait essayer», a raconté l'un d'eux. Selon eux, il s'agit d'une arnaque. S'ils n'avaient pas piraté le site I-Doser, ces jeunes auraient dû payer leur «dose» entre 3 et 200 $. Loin de donner des sensations comparables à des drogues plus connues, certains des sons que l'on doit écouter pendant parfois près d'une heure deviennent même carrément agressants. «Je ne pense pas que ça va devenir populaire parce que le monde, d'après moi, va faire comme nous. Au début, tu essaies. Ils vont se tanner pas longtemps après parce que ça ne fonctionne pas et ils vont se rendre compte que c'est un attrape-nigaud», estime l'un des deux testeurs. 


Marginal et peu inquiétant

Le cyberespace est pourtant inondé de vidéos d'internautes aux réactions surprenantes. «Effet placebo», avance comme hypothèse Luc Boissonneault, un intervenant en toxicomanie. M. Boissonneault a lui-même fait le test. «Ça nous permet une forme de méditation, mais ce n'est pas le son lui-même qui provoque ça, c'est le fait de se centrer sur soi», a précisé l'homme, qui ne se dit pas inquiet outre mesure de ce phénomène. Gare aux dommages imprévus, a toutefois prévenu l'audioprothésiste Serge Landry. «Si on écoute ce son-là ou n'importe quel autre son, comme avec la musique qu'on aime, si on l'écoute trop fort, il y a éventuellement un risque pour l'audition», a-t-il souligné. L'expérience des drogues numériques demeure marginale au Québec. Aucune demande d'aide liée à la consommation de ces produits n'a été répertoriée dans le réseau de la santé du Saguenay-Lac-Saint-Jean.